Outtake 8

Et voilà l'outtake 8, du point de vue de Edward !
Enjoy

Les nouvelles de Rosalie


Le téléphone dans ma poche vibra de nouveau. C’était la vingt-cinquième fois en vingt-quatre heures. Je pensai à ouvrir le téléphone au moins pour voir qui essayait de me contacter. Peut-être que c’était important. Peut-être que Carlisle avait besoin de moi.
J’y pensai, mais je ne bougeai pas.
Je n’étais pas précisément sûr d’où j’étais. Dans l’espace d’une quelconque mansarde basse et sombre, pleine de rats et d’araignées. Les araignées m’ignoraient, et les rats m’évitaient. L’air était épais des lourdes odeurs d’huile de cuisine, de viande rance, de transpiration humaine, et de la couche presque solide de pollution qui était en réalité visible dans l’air humide, comme un film noir au-dessus de tout. En-dessous de moi, quatre histoires d’un ghetto branlant assorties avec la vie. Je ne m’occupais pas de séparer les pensées venant des voix - ils faisaient une grande et bruyante clameur espagnole que je n’écoutais pas. Je laissais juste les sons rebondir sur moi. Sans intérêt. Tout cela était sans intérêt. Toute mon existence était sans intérêt.
Le monde entier était sans intérêt.
Mon front pressé contre mes genoux, je me demandai combien de temps encore je serais capable de supporter cela. Peut-être que c’était sans espoir. Peut-être, si ma tentative était vouée à l’échec de toute façon, je devrais arrêter de me torturer et juste y retourner...
L’idée était si puissante, si apaisante - comme si les mots contenaient un puissant anesthésique, emportant la montagne de douleur sous laquelle j’étais enterré - qu’elle me fit haleter, qu’elle me donna le vertige.
Je pouvais partir maintenant, je pouvais retourner.
Le visage de Bella, toujours derrière mes paupières, me sourit.
C’était un sourire de bienvenue, de pardon, mais il n’avait pas l’affect que mon subconscient voulait probablement lui donner.
Bien sûr que je ne pouvais pas revenir. Qu’est-ce qu’était ma douleur, après tout, en comparaison à son bonheur ? Elle devait pouvoir sourire, libre de la peur et du danger. Libre de l’envie d’un futur inhumain. Elle méritait mieux que ça. Elle méritait mieux que moi. Quand elle quittera ce monde, elle ira dans un endroit qui me sera toujours inaccessible, sans prendre en compte comment je m’étais conduit ici.
L’idée de cette séparation finale était bien plus intense que la douleur que j’avais déjà. Mon corps en trembla. Quand Bella ira à l’endroit auquel elle appartient et où je n’irai jamais, je ne persisterai pas après, ici. Il devait y avoir l’oubli. Il devait y avoir le soulagement.
C’était mon espoir, mais il n’y avait pas de garanties. Pour dormir, peut-être pour rêver. Oui, voilà le noeud du problème, citai-je pour moi-même. Même quand je serai poussière, sentirais-je encore d’une certaine manière la torture de sa perte ?
Je frissonnai à nouveau.
Et, bon Dieu, je l’avais promis. Je lui avais promis que je ne hanterais plus sa vie à nouveau, amenant mes noirs démons à l’intérieur. Je n’allais pas revenir sur ma promesse. Ne pouvais-je rien faire de juste pour elle ? Rien du tout ?
L’idée de retourner dans la petite ville nuageuse qui serait toujours ma vraie maison sur cette planète s’insinua de nouveau dans mes pensées.
Juste pour vérifier. Juste pour voir qu’elle est bien et en sécurité et heureuse. Pas pour interférer. Elle ne saurait jamais que j’étais là...
Non. Bon Dieu, non.
Le téléphone vibra de nouveau.
-Bon Dieu, bon Dieu, bon Dieu, grognai-je.
Je pouvais utiliser la distraction, supposai-je. J’ouvris le téléphone et relevai les numéros avec le premier choc que j’avais ressenti en une demi-année.
Pourquoi Rosalie voudrait-elle me téléphoner ? Elle était la seule personne qui était probablement heureuse de mon absence.
Il devait y avoir quelque chose de vraiment grave si elle avait besoin de me parler. Soudainement inquiet pour ma famille, j’appuyai sur le bouton pour décrocher.
-Quoi ? dis-je, tendu.
-Oh, wow. Edward répond au téléphone. Je me sens si honorée.
Dès que j’eus entendu son intonation, je sus que ma famille allait bien. Elle devait seulement s’ennuyer. C’était difficile de deviner ses motivations sans ses pensées pour guide. Rosalie ne m’avais jamais parue très sensée. Ses impulsions étaient habituellement basées sur la logique la plus alambiquée.
Je fermai le téléphone.
-Laisse-moi seul, chuchotai-je pour personne.
Evidemment, le téléphone vibra une nouvelle fois.
Continuerait-elle à me téléphoner jusqu’à ce qu’elle ait passé le message qu’elle avait prévu de me transmettre pour m’ennuyer ? Probablement. Ca prendrait des mois pour la fatiguer de ce jeu. Je jouai avec l’idée de la laisser refaire ce numéro pour la prochaine demi-année... et ensuite soupirai et répondis à nouveau au téléphone.
-Finis-en avec ça.
Rosalie parla précipitamment.
-Je pensais que tu aurais voulu savoir qu’Alice est à Forks.
J’ouvris mes yeux et fixai les poutres de bois pourri à trois pouces de mon visage.
-Quoi ?
Ma voix était vide, sans émotion.
-Tu sais comment est Alice - elle pense qu’elle sait tout. Comme toi.
Rosalie gloussa sans humour. Sa voix était légèrement nerveuse, comme si elle n’était soudainement plus sûre de ce qu’elle était en train de faire.
Mais ma rage rendit plus difficile le fait de me préoccuper du problème de Rosalie.
Alice m’avait juré qu’elle me suivrait en ce qui concernait Bella, bien qu’elle n’acceptait pas ma décision. Elle avait promis qu’elle laisserait Bella seule... aussi longtemps que je le ferais. Clairement, elle avait pensé que je plierais finalement sous la douleur. Peut-être qu’elle avait raison à ce sujet. Mais je ne l’avais pas fait. Pas encore. Donc, que faisait-elle à Forks ? Je voulus lui tordre son mince cou. Pas que Jasper me laisserait approcher suffisamment d’elle, une fois qu’il aura senti la bouffée de fureur s’échappant de moi...
-Est-ce que tu es toujours là, Edward ?
Je ne répondis pas. Je pinçai l’arête de mon nez du bout des doigts, me demandant s’il était possible pour un vampire d’avoir une migraine.
D’un autre côté, si Alice était déjà revenue...
Non. Non. Non. Non.
J’avais fait une promesse. Bella méritait une vie. J’avais fait une promesse. Bella méritait une vie.
Je répétai ces mots comme un mantra, essayant de vider ma tête de l’image séduisante de la fenêtre sombre de Bella. La porte d’entrée de mon unique sanctuaire.
Sans doute devrais-je me mettre à plat ventre, si j’y retournais. Je n’étais pas contre. Je pouvais passer la prochaine décennie sur mes genoux avec bonheur si j’étais avec elle.
Non. Non. Non.
-Edward ? Ca ne t’intéresse même pas de savoir pourquoi Alice est là ?
-Pas particulièrement.
La voix de Rosalie devint un peu suffisante à présent, ravie, sans doute, de m’avoir forcé à répondre.
-Bien, évidemment, elle ne brise pas tout à fait les règles. Je veux dire, tu nous as seulement avertis de rester loin de Bella, n’est-ce pas ? Le reste de Forks ne pose pas de problème.
Je clignai lentement des yeux. Bella était partie ? Mes pensées tournèrent autour de cette idée inattendue. Elle n’avait pas encore été diplômée, donc elle devait être retournée chez sa mère. C’était bien. Elle devait vivre sous le soleil. C’était bien qu’elle ait réussi à laisser les ténèbres derrière elle.
J’essayai de déglutir, mais je n’y arrivai pas.
Rosalie partit d’un rire nerveux.
-Donc tu n’as pas besoin de te mettre en colère contre Alice.
-Alors, pourquoi m’as-tu téléphoné, Rosalie, si ce n’est pas pour causer des problèmes à Alice ? Pourquoi est-ce que tu m’ennuies ? Hein !
-Attends ! dit-elle, sentant, justement, que j’allais à nouveau raccrocher. Ce n’est pas pour ça que j’ai téléphoné.
-Alors, pourquoi ? Dis-le moi rapidement et ensuite laisse-moi seul.
-Eh bien... elle hésita.
-Crache ça, Rosalie. Tu as dix secondes.
-Je pense que tu devrais revenir à la maison, dit rapidement Rosalie. Je suis fatiguée qu’Esmé soit peinée et que Carlisle ne rie plus jamais. Tu devrais te sentir honteux de ce que tu leur as fait. Tu manques à Emmett tout le temps et ça me porte sur les nerfs. Tu as une famille. Grandis et pense à autre chose que toi-même.
-Conseil intéressant, Rosalie. Laisse-moi te raconter une petite histoire au sujet d’une théière et d’une bouilloire...
-Je suis en train de penser à eux, contrairement à toi. Ne te préoccupes-tu pas d’à quel point tu as blessé Esmé, ou qui que ce soit d’autre ? Elle t’aime plus que le reste d’entre nous, et tu le sais. Reviens à la maison.
Je ne répondis pas.
-Je pensais qu’une fois que tout ce qui était en rapport avec Forks serait fini, tu le surmonterais...
-Forks n’a jamais été le problème, Rosalie, dis-je, essayant d’être patient. Ce qu’elle avait dit au sujet d’Esmé et de Carlisle avait touché un point sensible. Juste parce que Bella - c’était difficile de dire son nom à haute voix - a déménagé en Floride, ça ne veut pas dire que je suis capable de... Ecoute, Rosalie. Je suis vraiment désolé, mais, crois-moi, je ne rendrais personne plus heureux si j’étais là.
-Hum...
Elle y était à nouveau, cette hésitation nerveuse.
-Qu’est-ce que tu ne me dis pas, Rosalie ? Est-ce qu’Esmé va bien ? Est-ce que Carlisle...
-Ils vont bien. C’est juste que... eh bien, je n’ai pas dit que Bella avait déménagé.
Je ne dis rien. Je fis défiler la conversation dans ma tête. Oui, Rosalie avait dit que Bella avait déménagé. Elle avait dit : ...Tu nous as seulement avertis de rester loin de Bella, n’est-ce pas ? Le reste de Forks ne pose pas de problème. Et ensuite : Je pensais qu’une fois que tout ce qui était en rapport avec Forks serait fini... Donc Bella n’était plus à Forks. Que voulait-elle dire, que Bella n’avait pas déménagé ?
Ensuite, Rosalie parla précipitamment à nouveau, le faisant presque avec colère cette fois.
-Ils ne voulaient pas te le dire, mais je pense que c’est stupide. Plus rapidement tu le surmonteras, plus rapidement les choses reviendront à la normale. Pourquoi te laisser broyer du noir dans tous les coins sombres du monde quand ce n’est pas nécessaire ? Tu peux revenir à la maison maintenant. Nous pouvons à nouveau être une famille. C’est fini.
Mon esprit sembla se briser. Je ne pouvais pas donner un sens à ses mots. C’était comme si il y avait quelque chose de très très clair qu’elle me disait, mais que je n’avais aucune idée de ce que c’était. Mon cerveau joua avec l’information, en faisant d’étranges associations. Insensé.
-Edward ?
-Je ne comprends pas ce que tu dis, Rosalie.
Une longue pause, la durée de quelques battements de coeur humain.
-Elle est morte, Edward.
Une pause plus longue.
-Je suis... désolée. Tu avais le droit de savoir, pourtant, je pense. Bella... s’est jetée d’une falaise il y a deux jours. Alice l’a vu, mais c’était trop tard pour faire quoi que ce soit. Je pense qu’elle l’aurait aidée, pourtant, [brisant ses mots], si elle en avait eu le temps. Elle est retournée pour faire ce qu’elle pouvait pour Charlie. Tu sais comment elle s’est toujours occupée de lui...
Le téléphone s’éteignit. Cela me prit quelques secondes pour réaliser que j’avais coupé la communication. Je m’assis dans l’obscurité poussiéreuse pendant un long moment gelé. C’était comme si le temps s’était arrêté. Comme si l’univers s’était figé.
Lentement, bougeant comme un vieil homme, j’ouvris à nouveau mon téléphone et je composai le seul numéro que je m’étais promis de ne plus jamais appeler de nouveau.
Si c’était elle, je raccrocherais. Si c’était Charlie, je prendrais l’information dont j’avais besoin grâce à un subterfuge. Je prouverais que la petite mauvaise blague de Rosalie était fausse, et je retournerais à mon néant.
-Maison des Swan, répondit une voix que je n’avais jamais entendue avant. Une voix rauque d’homme, profonde, mais encore jeune.
Je ne m’arrêtai pas pour penser aux implications de cela.
-C’est le Dr. Carlisle Cullen, dis-je, imitant à la perfection la voix de mon père. Pourrais-je parler à Charlie ?
-Il n’est pas ici, répondit la voix, et je fus à peine surpris par la colère dans celle-ci. Les mots étaient presque un grognement. Mais ça ne posait pas de problème.
-Bien, où est-il alors ? demandai-je, devenant impatient.
Il y eut une courte pause, comme si l’étranger voulait retenir l’information.
-Il est aux funérailles, répondit finalement le garçon.
Je fermai le téléphone à nouveau.

Thanks

Yaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhh Horrible! quel passage! Pouah le pauvre!!!!! Je veux bien me sacrifier pour le consoler

rha trop bien comme passage!
j'aurai aimé qu'il mette la suite quand Edward se rend compte qu'elle est vraiment morte etc

Contente que ça vous plaise
[En plus, ça me permet de travailler mon Anglais, tout bénef' :p ]

Je suis en train de traduire le dernier outtake - eh oui, déjà ! - qui est du point de vue de Rosalie cette fois !
Et il suit tout à fait cet extrait-ci :p

Le seul truc triste, c'est qu'il n'y a aucun outtake pour Eclipse sur le site de SM, pour l'instant